A la lumière des événements récents ou la France a décidé de permettre la censure de l'état (grande tradition nationale) sur ses citoyens sans aucun contrôle, sans aucun jugement, de manière arbitraire, certains réagissent. Mais nous sommes à l'époque de Facebook où tout le monde va envoyer gaiement toutes ses infos personnelles et privées à une entreprise privée largement ouverte à la "collaboration" avec les états, mais Facebook c'est quoi ? Un web totalitaire, fermé, propriétaire. Une prison.
En ce qui concerne la censure d'état, l'avenir nous montrera quelle sera son efficacité (je vous laisse calculer l'efficacité des lois DADVSI et HADOPI sur la baisse du piratage et en déduire quelle sera l'efficacité de LOPPSI 2...), mais en ce qui concerne Facebook je peux me permettre de mettre cette énorme entreprise (mais ce n'est pas la seule, il y a Google aussi en bonne position des grosses boîtes qui se foutent de votre gueule) en parallèle avec d'autres. On pourrait citer AOL ou Compuserve, autres grands portails captifs (et accessoirement FAI), dont Facebook n'est qu'une énième égérie recouverte de hype 2.0 (et oui ces services étaient tout aussi sociaux que facebook : liste d'amis, chat, profils, etc.). Mais je vais vous parler un peu de mon premier FAI, un français, Infonie.
A une époque ou les modems étaient vendus bridés, on ne pouvait les utiliser qu'avec le FAI qui le vendait (le modem était bloqué sur un seul numéro à composer), et au bout de quelques mois d'abonnement, on pouvait obtenir un code de débridage, permettant d'utiliser un autre FAI avec le modem si chèrement acheté. Ça vous rappelle quelque chose ? Oui c'est exactement le même modèle dans la téléphonie mobile. Hey on ne change pas les bonnes recettes d'entubage hein ! Donc Infonie, que je payait à l'époque de l'ordre de 15 euros (mais c'était en france) pour 3 heures de surf par mois, communications téléphoniques comprises. Oui c'était un forfait limité dans le temps (oui même chose dans le mobile je sais). Pas longtemps après sont apparus les premiers FAI gratuits : on ne payait que la communication téléphonique à France Télécom (fort cher). Donc à cette époque, Infonie c'était toujours une interface propriétaire sous Windows (c'était très beau pour l'époque sûrement), comprenant un portail d'information / actu, un espace communautaire (chats, groupes de discussion...), la gestion des emails, la météo, les programmes télé, télécharger des logiciels, jouer à des jeux, et même surfer sur le web via le navigateur proprio bref un vrai portail captif.
Inutile de dire que pour accéder au vrai Internet sans le portail et via un autre OS c'était pas des plus simple. Mais bref. Pour Infonie, création d'Infogrames (une autre "réussite" française, criblée de dettes et devenue Atari par la suite), le web c'était pas vraiment quelque chose d'intéressant. Facebook a exactement le même point de vue, mais en plus requin. Pour eux le web n'est qu'un moyen de ramener plus d'infos commercialisables sur les internautes, et encore plus d'internautes sur son portail captif. D'ailleurs Infonie ne s'y est pas trompé (ah ah), en 1996 son directeur général déclarait à propos d'Internet que « le grand public ne s'y intéressera pas ».
Après avoir plus ou moins vivoté avec les années, Infonie, qui avait lui-même racheté quelques entreprises dans le passé (notamment le moteur de recherche Lokace) fut racheté par Skynet, qui fut racheté par Belgacom, qui céda Infonie à l'ogre de l'époque Tiscali (qui dévora Infonie mais également le service de forum Respublica, l'hébergeur Chez.com, les FAI LibertySurf, Freesbee et World Online), lui-même revendu quelques années plus tard à Télécom Italia, ensuite revendue à Iliad (Free) et démantelée par ce dernier. Autant dire que 15 ans après la création d'Infonie et ces multiples passations d'un truc dont plus personne ne veut après l'explosion de la bulle internet, il ne reste plus grand chose d'Infonie sur le web hormis quelques pages éparses et les pages perso encore survivantes de sa filiale belge toujours propriété de Belgacom. Pourtant Infonie était un poids lourd pour l'époque.
Et alors, dans 10 ans, que restera-t-il de facebook ? Quelques captures d'écran dans un musée virtuel ? Des articles de presse annonçant des acquisitions, pertes et prévisions se comptant en millions ? Quelques forums nostalgiques ? Aura-t-on encore perdu notre temps à remplir une coquille vide avec notre vie, nos souvenirs, nos échanges, nos rencontres pour les voir disparaître au prochain rachat ? Qui se souviendra de Facebook ?