De l'amateurisation
Je suis tombé sur un article sur ledevoir.com: La pellicule hors foyer, où on parle avec un certain désarroi de la "fin" de l'argentique au profit du numérique. D'abord je ne pense pas que c'est la fin de l'argentique, c'est un peu alarmiste comme propos, on a aussi annoncé la fin du vinyle et il est toujours là. Car il y a aura toujours des gens (des puristes ou des gens qui n'ont qu'une utilisation occasionnelle de la photo par exemple) qui utiliseront l'argentique. Le problème pour l'industrie de la photo argentique c'est qu'ils vont devoir passer d'un marché de masse à un marché de niche (comme pour les vinyls), hors effectivement ça change tout. C'est ni négatif ni positif c'est juste une évolution du marché (ouh la vla que je parle comme les économistes!).
Ce qui est plus marquant et intéressant dans cet article c'est ce passage:
Les studios de photographie ont la vie dure plus que jamais : tout le monde se croit devenu photographe ! Josée Lambert, photographe professionnelle durant des années pour nombre de maisons d'édition, est de ceux qui ont jeté l'éponge devant l'envahissement du numérique : «C'était devenu intenable. Tout le monde s'est mis à se prendre pour un photographe !»
Et justement la suppression des "élites artistiques" c'est super. Tout le monde photographe, musicien, peintre, écrivain, c'est ça la vraie vie ! Parce que la création doit être populaire et démocratisée. C'est important que chacun ne se dise pas qu'il est incapable de créer et de réserver ça à des gens "qui savent faire". Parce que tout s'apprends, que l'art n'est pas dans les hormones à la naissance mais une histoire de ressentis, de démarches, d'idées, de spontanéité, de personnalité... L'amateurisme est la base de l'art et l'amateurisation massive est le seul moyen de le placer à sa juste valeur. C'est sûr que ça ne veux pas dire que tout ce qui est création amateur est forcément artistique. Déjà il y a une affaire de goûts et après il y a du bon et du moins bon partout. Chez les amateurs comme chez les "pros". L'important est que la création soit à la portée de tous et qu'il n'y ai plus de piédestals pour une certaine "élite", comme si les "artistes" étaient différents du reste du monde...
jah
« Déjà il y a une affaire de goûts [...] »
Je pense que l'on peut juger une œuvre de façon objective. Il y a certains « critère » qui entre en jeux, comme la complexité, la subtilité... Je cite un passage de _La barbarie intérieure_ de Jean-François Mattéi :
« L'originalité de l'improvisation, la liberté du style, la complexité des rythmes binaire et ternaire ou la richesse des harmonies modales sont l'évidente preuve de la grandeur de ces œuvres, quoi qu'en disent ceux qui récusent le critère objectif de l'excellence, faute de pouvoir l'apprécier, en transposant en théorie le vide de leur insuffisance. On répondra qu'une construction complexe, en musique, en architecture ou en peinture, n'est pas obligatoirement supérieure à une construction simple. C'est là jouer sur les mots. Si l'on entend par complexité d'une œuvre la subtilité des techniques qu'elle utilise et la richesse des possibilités qu'elle ouvre, il va de soi que la construction complexe d'une œuvre est supérieure à une combinaison d'éléments simples. »