Et avec ça, vous reprendrez bien une petite révolution?
Vous avez sûrement entendu parler de la révolution du 30 avril 2005. Si vous n'en avez pas encore entendu parler, je vous invite à lire cet appel. Pour résumer rapidement, une mystérieuse organisation, auto-proclamée "comité du 30 avril" (à mettre en parallèle avec le "mouvement du 22 mars" en 1968? [1]), appelle à faire une révolution le 30 avril 2005.
Déjà, le texte commence par des idéaux ressassés par les anarchistes et révolutionnaires depuis des années. Notamment l'idée du "grand soir", fameux jour ou le peuple prendra conscience de son oppression et se liguera contre le pouvoir. Le problème pratique au "grand soir" c'est que tout le monde ne prends pas conscience en même temps (ou ne prends pas conscience du tout) de l'oppression dont on est victimes de la part du pouvoir, le sentiment de révolte se retrouve donc dispersé dans le temps, dilué parmis les individus. De ce fait, la révolte de chaque citoyen qui prends conscience de l'oppression de sa liberté par le pouvoir et le capitalisme est individuelle, c'est totalement anarchique. Pour fédérer ce sentiment de révolte individuel et créer ainsi des actions (manifestations, subversions, révolution...), il faut mettre en relation ces personnes et donc organiser un minimum, c'est ce que tente de faire justement le "mouvement du 30 avril" et sa démarche est judicieuse, elle permet de fédérer les sentiments de révoltes sur une date ou on se dit "on va exprimer notre révolte contre pouvoir ce jour-là tous ensembles".
Seulement c'est sans compter sur le capitalisme. Le capitalisme a une force extraordinaire qui est non seulement de récupérer sa propre opposition (regardez les groupes de musique se prétendant anarchistes et vendant des milliers d'albums, même Jenifer de la Star Academy chante "Ma révolution", c'est dire), mais en plus elle réussit à insuffler une réprobation automatique des sentiments de révolte face au "système" capitaliste. Le capitalisme fait renoncer à ses propres idéaux. Il suffit de regarder ce qu'on dit aux adolescents qui ont de grands idéaux/rêves (lutte contre la conformité, vivre sans argent, plus simplement, etc...), est-ce qu'on essaye de les comprendre? De discuter avec eux? Non, la réponse unanime des "adultes" à ces jeunes révoltés par la cruauté du monde qui les entoure est d'un conformisme terrifiant: il faut être sérieux, il faut se ranger. Je me rappelle une prof qui m'as dit "C'est bien d'avoir de grands idéaux, d'être anarchiste et tout à 18 ans, mais bon après faut être sérieux, faut se ranger". Se ranger? Avoir une femme, une voiture, un pavillon en banlieue, payer des impôts, regarder le journal de 20h à la télé? Non merci, ça me fait vomir. Seulement il suffit de regarder tous les gens qui ont participé, du moins dans les idées, à mai 68. Aujourd'hui ils ont 30 ans de plus et ils sont fonctionnaires, salariés, tous rangés pour la plupart, ayant presque oublié pourquoi ils se sont battus 30 ans plus tôt. Ca arrivera aussi aux ados d'aujourd'hui qui veulent changer le monde, ils vont se "ranger", le système capitaliste les aura abrutis et ils oublieront de se battre pour leurs idéaux en se disant que ce n'est pas "réaliste" ou pas "sérieux", ou même pas "adulte". Et la pression des "adultes" sur eux aura beaucoup joué pour ça. C'est dingue le nombre d'ados qui croient qu'obtenir son permis c'est une sorte d'étape dans le passage à l'âge adulte, par exemple. Ce que les ados idéalistes d'aujourd'hui deviendront ce sont de vieux cons, je n'ai pas peur de le dire et je le pense, de vieux cons, comme ceux qui disent quand il y a une grève des transports qu'on les prends en "otages". Ces gens-là sont complètement abrutis par le capitalisme à mon sens, ils ne pensent plus par eux-même, c'est le capitalisme qui pense pour eux, ils n'ont qu'à reprendre les idées prédigérées du capitalisme. Voilà où mène le capitalisme, à l'abrutissement. Sans compter les trop nombreuses constructions sociales qui nous constituent, une personne révoltée contre son oppression détruira elle-même sa propre révolte (parce que ce n'est pas "sérieux", pas "en phase avec la réalité", etc.), et si ça n'est pas le cas, l'entourage de la personne et la société capitaliste dans son ensemble s'en chargera. Qui aujourd'hui serait prêt à considérer une révolution comme une solution sérieuse et intéressante aux problèmes posés par le capitalisme? Qui oserais tenter une révolution et perdre son niveau de vie confortable de capitaliste?
Donc le sentiment de révolte est non seulement disparate, mais également fragile face à l'influence omniprésente du capitalisme. Deux raisons qui font que réunir assez de personnes au début (les autres suivront une fois qu'une certaine masse révolutionnaire sera constituée) pour former une révolution est plus que délicat. Sans compter que beaucoup de ces révolutionnaires potentiels sont encore des adolescents, fragiles et influençables, partagés entre influence parentale et désirs nouveaux de liberté. La jeunesse dans le cadre d'une révolution est un atout nécessaire, elle est d'une puissance phénoménale, mais également imprévisible, désorganisée et rattachée à ses privilèges de niveau de vie.
Résumons déjà au point ou nous en sommes: on veut faire la révolution parce que " les raisons ne manquent pas". Le 30 avril. Pourquoi le 30 avril? Tout simplement parce que "Plutôt que d'attendre que le conditions soient favorables, et vous avez remarqué, elles ne le sont jamais." L'idée n'est pas bête. Fixer une date juste pour fixer une date, pour ne plus "attendre le grand soir" (qui ne viendra jamais tout seul). Qui as-t-on pour former cette révolution? Un "comité du 30 avril" à l'organisation et au nombre inconnus. Une jeunesse minoritaire (dans un premier temps tout du moins) qui suivra ou même prendra part à l'initiative révolutionnaire, mais de manière imprévisible, peut-être violente. Des anarchistes probablement, bien que beaucoup ne prennent pas au sérieux cette idée de révolution du 30 avril. Des groupes préparés plus ou moins anonymes et situés on ne sait où sur le territoire qui se préparent eux à des actions violentes. Des collectifs et organisations disparates qui étendent le mouvement jusqu'en belgique et en suisse. Est-ce que ça fait une révolution ça? Je ne pense pas non. Une esquisse de révolution à la limite. Le problème de la révolution c'est que c'est pas très bien organisé. On se donne rendez-vous où? A quelle heure? On fait quoi? Et on met quoi à la place du gouvernement actuel? Peut-on réellement espérer (ou redouter) une révolution pour le 30 avril 2005? Oui et non.
Les mouvements de contestations prennent de l'ampleur ces derniers temps, la semaine dernière 100.000 lycéens sont descendus dans la rue contre le projet de loi Fillon sur l'éducation. Hier, 57.000 encore alors que seulement l'académie d'Île de France et de Bordeaux ne sont pas en vacances. C'est une mobilisation importante. Et elle va s'amplifier dans les semaines qui viennent, la date du référendum sur la constitution européenne se rapprochant à grand pas et l'unanimité des partis politiques, de droite ou de gauche, en faveur de cette constitution agace fortement. Le PS voulait une "Europe sociale", et aujourd'hui voilà qu'il défends une constitution libérale (et donc tout sauf sociale). La contestation autour des poursuites contre les internautes "pirates" augmentent de plus en plus, des projets de lois délicats, libéraux et visant à privatiser divers services publics vont refaire leur apparition.
Résumons une nouvelle fois: un mouvement lycéen en effevescence (mais qui ne durera sûrement pas jusqu'en avril, faut bien réviser le bac, faut être sérieux), des mouvements contestataires à venir, et différents groupuscules désirant former une révolution. Alors là on l'a notre révolution? Oui et non. Je ne peux pas jouer aux prédicateurs, mais si un mouvement populaire et suffisament nombreux de contestation existe avant ce fameux 30 avril, alors il est fort possible qu'il y ait du grabuge. Dans le pire des cas ou la révolution serait juste faite par les fameux comités du 30 avril, on aura droit à quelques bastons avec les CRS en deuxième page du journal...
En tout cas, même si je ne prenais pas réellement au sérieux ce mouvement au départ, j'ai révisé mon jugement, il y a réellement des gens prêts à faire une révolution le 30 avril. Ce n'est pas une blague. Et ils la feront, avec ou sans l'appui populaire, mais sans l'appui populaire ils n'iront probablement pas tellement loin... Le 30 avril 2005 entrera-t-il dans l'histoire? L'avenir nous le dira...
Mise à jour: Selon Libération, le projet de loi fillon pourrait être adopté par le parlement au mois d'avril, en même temps Chirac pourrait avancer le référendum sur la constitution Européenne au 25 mai, dixit Associated Press. Ceci met en valeur l'importance des dates. Pour faire une révolution il faut un sentiment populaire de révolte assez grand pour qu'une partie du peuple suive cette révolution, hors l'accumulation d'évenements politiques "sensibles" sur la période précédant le 30 avril est important pour faire monter ce sentiment de révolte. De même que les échéances suivant le 30 avril sont également importantes. La révolution, si elle a lieu, ne se fera pas que le 30 avril, on n'ira pas faire la révolution le 30 et se reposer le dimanche 1er mai... Le 30 avril pourrait en fait être plutôt un "déclencheur" d'une série d'actions sur le mois de mai. Une hypothèse envisageable également est d'avoir des confrontations régulières et violentes au cours du mois de mai. Au fur et à mesure de mes recherches, je découvre de plus en plus de "comités du 30 avril", certains utilisant le net pour communiquer et aussi d'autres beaucoup plus discrets, certains semblant réellement bien préparés à des confrontations violentes. Ca en deviendrait presque effrayant... Et pendant ce temps-là, un ministre dilapide 14.000 euros par mois pour vivre dans un modeste duplex de 600m²...
Notes
[1] Le 22 mars 1968, à la cité universitaire de Nanterre (région parisienne), émergence du mouvement contestataire étudiant qui, mené par Daniel COHN-BENDIT (se réclamant de l'anarchie) sera le ferment révolutionnaire du mai 68 français. Il prendra le nom du "Mouvement du 22 mars".
furgole
La révolution qui monte ?
La révolution bleue
"Pourquoi la Révolution bleue ? Parce que la situation politique française est complètement bloquée et qu'il appartient désormais au peuple de se faire entendre.
Les politiciens ne sont ni aveugles ni sourds. Mais ils ne voient et n'entendent que ce qu'ils veulent bien. Et comme les médias sont défaillants, rien ne vient les détromper, sinon de temps à autre le résultat d'une élection, qu'ils s'empressent d'oublier afin de préparer la suivante.
Le système politico-médiatique est si bien verrouillé qu'aucune force politique nouvelle ne peut apparaître. De ce fait, le mécontentement et la colère ne peuvent plus emprunter d'autre canal que le désespoir démocratique, qui se manifeste par une abstention massive aux élections, ou bien la violence, qui perturbe gravement la vie des Français et dont l'enchaînement peut conduire au pire, c'est-à-dire à la guerre civile.
L'immense majorité des citoyens n'aspire qu'à travailler et à vivre en paix. C'est devenu aujourd'hui impossible pour un nombre sans cesse croissant d'entre eux, qui sont confrontés au chômage et à l'insécurité.
Les socialistes et la droite parlementaire alternent au pouvoir depuis trente ans. Et pendant ces trente ans la situation du pays n'a cessé de se dégrader pour aboutir à la catastrophe actuelle. Ce dramatique échec tient au fait que ces deux camps font à peu près la même politique. Et tout indique que cette fausse alternance va se poursuivre. En 2007 les Français ne pourront élire qu'un président et une majorité parlementaire socialistes ou UMP. Autrement dit, rien ne changera !
Dans ces conditions, l'explosion est certaine, et rien ne dit d'ailleurs qu'elle ne se produira pas avant les prochaines échéances électorales.
C'est pourquoi il est urgent d'agir. Les Français exaspérés doivent se montrer et se faire entendre. Le moyen que nous proposons a obtenu des résultats en Ukraine, avec la Révolution orange, et en obtient régulièrement au Japon, où les salariés, plutôt que de se lancer dans des grèves qui leur nuisent tout autant qu'à leurs employeurs, arborent un brassard en signe de mécontentement.
Trois thèmes sont susceptibles de rallier une majorité de Français :
Non à la chienlit !
Non au trop plein d'impôts et de charges !
Non aux politiciens incapables !
Ils constituent désormais la revendication de la Révolution bleue.
Pour la faire aboutir, nous demandons aux Françaises et aux Français de porter une écharpe bleue en signe de soutien et de reconnaissance.
Au cours des prochaines semaines, nous inviterons tous ceux qui se reconnaissent dans la Révolution bleue et en portent le signe à se réunir pacifiquement et régulièrement en divers endroits de nos cités et de nos villages afin de se connaître et de se compter. Les rangs de la Révolution bleue ne cesseront de grossir jusqu'au succès final.
Et les partis politiques dans tout cela ? Ils peuvent évidemment souscrire à la Révolution bleue s'ils en partagent les objectifs. La Révolution bleue n'est en aucun cas un parti politique de plus et elle n'entend absolument pas entrer en concurrence avec les formations existantes. C'est à ces dernières et à elles seules qu'il appartient de faire connaître les moyens qu'elles entendent mettre en œuvre pour faire aboutir les trois objectifs de la Révolution bleue. Et c'est aux électeurs qu'il appartiendra de voter pour les partis politiques et pour les candidats aux élections qui leur paraîtront les plus crédibles.
La Révolution bleue veut épargner à la France le désastre que constituerait une guerre civile. Alors, tous ensemble, portons l'écharpe bleue, couleur de la France et image d'un ciel sans nuages.
Claude Reichman