Vivre un moment ou le documenter ?
« I just think we are in a moment in our culture where people go to concerts and events not to experience them, but to document them. » (via ce blog)
Question intéressante (d'autant plus en ce moment avec mon blog de voyage), et j'essaye souvent de faire passer la documentation (photo ou prise de son, bien que je préfère la prise de son, c'est un travail beaucoup plus prenant en post-production qu'une simple photo) avant le vécu immédiat. En d'autres termes j'essaye de profiter du moment avant d'essayer de l'enregistrer, même si je n'y parviens pas toujours. J'ai souvent un appareil sur moi, mais il m'est arrivé de nombreuses fois de ne pas le sortir ou même de ne garder aucune photo prise.
En tout cas la réflexion est intéressante, mais je ne serais pas aussi catégorique que ploum à ce propos. Si j'ai été heureux de profiter à 100% de certains moments sans avoir le besoin ni l'envie de les "fixer" sur un média, j'ai aussi été très heureux de me mettre un peu en retrait d'un événement pour pouvoir en faire un bootleg intéressant que je suis heureux de réécouter ensuite, ou de prendre de jolies photos et d'en profiter ensuite. Il faut savoir trouver un juste milieu et savoir quand on a vraiment envie de faire de la photo, ou de la prise de son, et quand on veut profiter de l'événement. Il y a aussi le cas ou on veux profiter, et en fait c'est chiant à vivre mais ça aurait été bien à prendre en photo...
Mais il y a bien un côté malsain à mon sens à ces concerts ou autres événements ou la personne sur scène ne fait pas face à des gens, mais à des centaines ou milliers d'objectifs, qui sont d'ailleurs dans 95% des cas des pauvres APN ou téléphone qui rendront une image horrible, inutilisable, rapidement jetée. Une image dont le seul but sera de dire "j'y étais". Ce n'est pas le but de la photo que je fait, du bootleg que j'enregistre. Le but n'est pas de montrer que j'y étais, le but c'est de transmettre ma vision du monde à travers ce que je vois et entends, une vue subjective d'un moment, d'un lieu, d'un "quelque chose". Il y a le côté souvenir évidemment. Mais il n'y a pas de souvenir intéressant si le matériel (l'image, le son, la vidéo, le dessin, whatever) n'a pas la qualité (subjective) qu'on a voulu y mettre.
Mais les foules soulevant des GSM et APN face aux artistes dans les concerts n'est pas la cause du problème c'est juste un symptôme de notre dépendance grandissante à la technologie. Baladeur, téléphone GSM, appareil photo, ou même montre... Tout cela sont des dépendances que nous nous sommes créés et imposés et dont il est maintenant difficile de se défaire, car ils font partie de notre quotidien. Et on se demande parfois comment on pouvait faire pour retrouver des gens sans GSM, aimer la musique sans DAP ou connaître l'heure sans avoir de montre au poignet...
(Oui ce billet est cross-posté sur mon blog de voyage, désolé.)
Pierre
En effet difficile de vivre complètement en évènement en essayant de prendre le recul nécessaire pour en faire un compte rendus intéressant !
Il faut faire un choix et si possible avant ! Sinon, on risque de gacher ces deux approches en même temps : ne pas profiter de l'évènement, et de ne pas réussir à prendre le recul nécessaire pour produire un contenu digne d'intérêt.
C'est aussi important de pouvoir mettre sa "marque", sa touche de personnalité pour donner une cohérence entre nos différents "papiers".
Articles pertinent et très intéressant.
Merci,
Pierre