C'est le nouveau "single" de Diam's, "Confessions nocturnes". Pour vous résumer le début de l'histoire, une copine de Diams se pointe chez elle, elle crois que "son mec" la trompe.
DIAM'S :
Mais Vi' arrête ! Tu sais ton mec t'aimes, ton mec m'a dit «Tu sais Mélanie, Vi' c'est une reine et je pourrais crever pour elle»
Faut pas que tu paniques, j'te jure ton mec assure, ton mec assume, Vi' ouais
Ton mec est pur, il te trompe pas, j'en suis sûre
On a déjà ici la référence aux contes de fées débiles ("reine"), de la légende stupide de Roméo et Juliette ("je pourrais crever pour elle"), et enfin de l'image religieuse oppressante des relations amoureuses (rapport à la "pureté" avec la confiance). Bon on enchaîne avec la chanteuse (non ce n'est pas Diams) qui bla bla "je sens son odeur", bla bla "elle laisse des messages tous les quarts d'heures" (youpi les rimes), et "J'ai infiltré son répondeur". Alors là déjà stop "infiltré son répondeur" je vous laisse sur l'image de la confiance qui règne et du respect de la vie privée comme règle d'or...
Suite du skeud, la chanteuse connaît même l'adresse de l'hôtel ou "son mec" "couche" avec "l'autre", donc Diams tombe des nues:
DIAM'S :
J'étais à côté de la plaque, je croyais que ton mec était intact moi
Pas de trucs bizarres, pas de plans drague, pas de pétasses
Je croyais que ton mec était à part, qu'il parlait mariage et appart'
Prends ton sac, l'adresse de leur rencard et viens on va les voir viens !!
OK on reprends les images préformatées, avec le mec "intact", et le respect est de mise ("pétasses"), ça continue avec l'image bien-pensante des relations et de la société ("mariage et appart") pour finir sur limite un appel au lynchage. Sur ce, Diams et sa copine se rendent à l'hôtel (en Mercedes dernier modèle, évidemment, faut pas se priver [dans le clip]) :
DIAM'S :
Ok reste discrète, donne moi le cric, la bombe lacrymogène
Vite, donne moi une clé, donne moi sa plaque
Que je la raye sa BM, que je la crève sa BM
Que je la saigne comme il te blesse sa BM
Si tu savais comme j'ai la haine là !
Ouaouh quel esprit rebelle, quelle révolution, la prolétarienne Diams, que dis-je, la révoltée, l'anarchiste Diams va, tenez-vous bien, rayer la BM du mec pendant que sa copine attends dans la Mercedes (sic!). Très fort Diams. Ben oui elle a la haine quoi...
Bon donc après l'épisode démolissage de BM, Diams et sa grande copine se rendent à l'hotel (ben ouais faut finir la vendetta) et donc sa copine chanteuse reprends face au mec :
VITAA :
Mais qu'est-ce que tu fous là ?
J'te croyais chez ton père mais tu te fous de moi !
J'ai toujours été droite et j'vivais pour toi
J'avais confiance en toi j'pouvais crever pour toi
Et toi t'oses baiser cette chienne !
Toujours cette notion de bienséance ("toujours été droite"), et d'amour exclusif voir d'objetisation de l'être humain ("je vivais pour toi"). On retrouve également le drame Shakespearien ("je pouvais crever pour toi") et tout le respect dû à la gente féminine ("baiser", "cette chienne"). Mais Diam's surenchérit en s'adressant successivement au mec puis à "l'autre" fille :
DIAM'S :
Mais fermes ta gueule toi !
Et si tu veux parler s'teplait rhabille toi
Franchement t'as pas d'honneur t'as pas honte de toi ?
Prends ton string et casse toi !!
Les filles comme toi ne méritent pas plus qu'un p'tit bout de trottoir
Encore des idées passionantes et tellement politiquement engagées... dans les religions et les partis de droite. "Honneur", "honte" des mots un peu fort pour juste deux personnes qui font du sexe ensemble nan ? Mais ça ne suffit pas puisqu'on vois ici tout le féminisme de Diams dévoilé en traitant "l'autre" fille de prostituée, voire pire ("[tu] ne mérite pas plus qu'un petit bout de trottoir").
On pourrais croire être au sommet de la pensée de droite catholique, malgré que je vous rappelle que nous sommes dans un clip de "rap" d'une "artiste" censée être à gauche. Mais non ce n'est pas finit, ça continue on en remet une couche ! Diams essaye de rassurer sa copine, en n'oubliant pas son féminisme ("c'était bien ton gras dans les bras d'une petite pétasse"), son respect ("ce batard n'est rien pour toi"), et oublie un petit mot ("la vie est une garce quand t'as décidé d'être droite" au lieu de "quand t'as décidé d'être de droite" ?). Elle raconte ensuite son histoire ("j'y croyais plus [...] et puis l'amour m'est tombé dessus [...] crois-moi tu sais ce que c'est de se sentir trahie quand ton mari a sauté toutes les michtonneuses de paris et regarde-moi aujourd'hui j'ai presque la bague au doigt"), tout à fait bateau.
Et là c'est le drame parce que la copine à Diams est décidemment une sacrée parano et espionner le répondeur de "son mec" à pas suffit, elle s'en prends à sa copine (?) :
VITAA :
Mais qu'est-ce t'en sais toi ?
Peux tu m'dire ce que fait ton mec et à quel endroit ?
Ce qu'il fait de ses nuits quand t'es pas là ?
Et dans quels bras,
Il court étouffer ses péchés quand t'es avec moi ?
Es tu sûre qu'il est fidèle ?
As tu consulté ses mails ?
Fouillé son msn ?
Capté ses messages,
Questionné sa mère quand elle a dit qu'il est chez elle et lui qu'il est chez son frère ?
Si t'es sûre de toi, alors prends ton téléphone écoute son répondeur et tu verras !
Et ouais y'a des copines comme ça qui vous donnent confiance en vous. Donc passons sur le véritable flicage et parano suggérés par la bonne copine (mails, messagerie instantanée, mobile, voire "indics"...). La copine saisis suite à cela le téléphone de Diams (toujours dans sa Mercedes), écoute les messages du "mec" de Diams et tombe évidemment sur le message d'une autre fille et donc la chanson finit là dessus :
Mel tiens toi prête faut que j'te parle
Tu vas passer tes journées dans l'noir,
Mel je le sais, je le sens, j'en suis sûre, il se fout de toi ...
La morale de ce texte est donc on ne peux plus clair : Ne faites confiance à personne et surtout pas à ceux que vous aimez, espionnez-les, soyez parano, ils profiteront de n'importe quel moment pour vous trahir. Surveillance généralisée du peuple par le peuple, Orwell ne pouvait rêver mieux car Diams l'a déjà fait.
Ici c'est la chanson qui crée la prison intellectuelle. Là ou on pense généralement que le rap est une musique de "rue", de "révolte" (et c'est bien ce qu'elle est), la soupe prédigérée de Diams se rapproche plus de la variété à la Johny en y ajoutant un soupçon d'enfermement et de propagation des idées conservatrices, sexistes et misogynes. Elle se permet également de propager ses idées conservatrices sur les relations amoureuses et c'est grâce à ce genre de culture "populaire" de merde que certains en arrivent à insulter les personnes qui désirent vivre leurs relations autrement.
Bref, il y aurait tellement de choses à dire d'un point de vue politique et même humaniste sur ce texte (et tous les autres de Diams), que je pourrais y passer des jours mais ça n'en vaux définitivement pas le coup... Une seule question reste en suspens : Diams rejoindra-t-elle les rangs de l'UMP aux côtés de Doc Gynéco (en faisant une photo souvenir avec Nicolas au passage ?) dans les prochaines semaines ? En tout cas même si le geste n'y est pas, on sais que le coeur, lui, y est...