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Avec de vrais morceaux de 2.0 !

3000!

Aujourd'hui on était 3.000 dans les rues de Dijon pour le retrait total et immédiat du plan Fillon, 30.000 dans toute la France, et ce n'est que le début!

Manifestation sympa, encadrée par les gens des syndicats étudiants notamment, qui avait bien du mal à maintenir la révolte des lycéens, heureusement pas d'incident majeur, une poubelle brûlée, quelques autres renversées... Sinon belle mobilisation, ça fait du bien!

Photos, infos et vidéos ici: dioxyde.org

Beetlejuice

Ca faisait vraiment longtemps que je voulais voir Beetlejuice. Non seulement parce que c'est un film de Tim Burton, un de mes réalisateurs préférés, mais en plus je gardais en tête l'image de la série animée au visuel délirant.

En regardant le film j'ai d'abord été un peu déçu de ne pas tout de suite retrouver l'esthétique sombre et délirante de la série animée (et des autres films de Burton), mais en fait très rapidement séduit par l'histoire abracabrantesque des deux fantômes, avec des scènes très drôles. Malheureusement certains effets spéciaux ont un peu vieillis et font sourire, telle les scènes avec le serpent des sables. Mais le reste est toujours aussi effrayant, tordant, inquiétant, passionant... Des scènes ahurissantes, un jeu d'acteur particulièrement convainquant, notamment les deux personnages fantômes jouant très bien la naïveté. Et une Winoma Ryder en fille gothique et décalée absolument sublime. Un grand film, très drôle et sombre à la fois. Du grand Burton! A voir et à revoir :)

Requiem for a dream

On m'avait beaucoup parlé de ce film comme un film difficilement supportable. J'ai été déçu, vraiment. La réalisation et la mise en scène contiennent de bonnes idées, mais ressassées jusqu'à plus soif, de manière répétitive, de façon que ça devient très rapidement lassant. Si le personnage de la mère est extraordinairement bien joué et fait vraiment ressentir des émotions (contrairement aux jeunes shootés, ultimes mauvaises copies), la mise en scène gâche le jeu par un trop plein d'effets copiés à droite à gauche, chez Lynch ou Cronenberg. De plus le scénario au ras des pâquerettes et d'un conformisme à toute épreuve (tu te shoote donc tu deale donc t'as des emmerdes donc tu finit en taule) fait ressentir la profonde impression de vide et d'artificialité du film. Enfin, l'omniprésence de la musique, associée à une réalisation visuelle digne d'un clip caricatural, terminent le portrait d'un film qui fait 'achement djeunz, 'achement cinéma noir et profond genre David Lynch, alors que ce n'est qu'un immense clip relativement ennuyant et énervant. Bref à éviter.

Et avec ça, vous reprendrez bien une petite révolution?

Vous avez sûrement entendu parler de la révolution du 30 avril 2005. Si vous n'en avez pas encore entendu parler, je vous invite à lire cet appel. Pour résumer rapidement, une mystérieuse organisation, auto-proclamée "comité du 30 avril" (à mettre en parallèle avec le "mouvement du 22 mars" en 1968? [1]), appelle à faire une révolution le 30 avril 2005.

Déjà, le texte commence par des idéaux ressassés par les anarchistes et révolutionnaires depuis des années. Notamment l'idée du "grand soir", fameux jour ou le peuple prendra conscience de son oppression et se liguera contre le pouvoir. Le problème pratique au "grand soir" c'est que tout le monde ne prends pas conscience en même temps (ou ne prends pas conscience du tout) de l'oppression dont on est victimes de la part du pouvoir, le sentiment de révolte se retrouve donc dispersé dans le temps, dilué parmis les individus. De ce fait, la révolte de chaque citoyen qui prends conscience de l'oppression de sa liberté par le pouvoir et le capitalisme est individuelle, c'est totalement anarchique. Pour fédérer ce sentiment de révolte individuel et créer ainsi des actions (manifestations, subversions, révolution...), il faut mettre en relation ces personnes et donc organiser un minimum, c'est ce que tente de faire justement le "mouvement du 30 avril" et sa démarche est judicieuse, elle permet de fédérer les sentiments de révoltes sur une date ou on se dit "on va exprimer notre révolte contre pouvoir ce jour-là tous ensembles".

Seulement c'est sans compter sur le capitalisme. Le capitalisme a une force extraordinaire qui est non seulement de récupérer sa propre opposition (regardez les groupes de musique se prétendant anarchistes et vendant des milliers d'albums, même Jenifer de la Star Academy chante "Ma révolution", c'est dire), mais en plus elle réussit à insuffler une réprobation automatique des sentiments de révolte face au "système" capitaliste. Le capitalisme fait renoncer à ses propres idéaux. Il suffit de regarder ce qu'on dit aux adolescents qui ont de grands idéaux/rêves (lutte contre la conformité, vivre sans argent, plus simplement, etc...), est-ce qu'on essaye de les comprendre? De discuter avec eux? Non, la réponse unanime des "adultes" à ces jeunes révoltés par la cruauté du monde qui les entoure est d'un conformisme terrifiant: il faut être sérieux, il faut se ranger. Je me rappelle une prof qui m'as dit "C'est bien d'avoir de grands idéaux, d'être anarchiste et tout à 18 ans, mais bon après faut être sérieux, faut se ranger". Se ranger? Avoir une femme, une voiture, un pavillon en banlieue, payer des impôts, regarder le journal de 20h à la télé? Non merci, ça me fait vomir. Seulement il suffit de regarder tous les gens qui ont participé, du moins dans les idées, à mai 68. Aujourd'hui ils ont 30 ans de plus et ils sont fonctionnaires, salariés, tous rangés pour la plupart, ayant presque oublié pourquoi ils se sont battus 30 ans plus tôt. Ca arrivera aussi aux ados d'aujourd'hui qui veulent changer le monde, ils vont se "ranger", le système capitaliste les aura abrutis et ils oublieront de se battre pour leurs idéaux en se disant que ce n'est pas "réaliste" ou pas "sérieux", ou même pas "adulte". Et la pression des "adultes" sur eux aura beaucoup joué pour ça. C'est dingue le nombre d'ados qui croient qu'obtenir son permis c'est une sorte d'étape dans le passage à l'âge adulte, par exemple. Ce que les ados idéalistes d'aujourd'hui deviendront ce sont de vieux cons, je n'ai pas peur de le dire et je le pense, de vieux cons, comme ceux qui disent quand il y a une grève des transports qu'on les prends en "otages". Ces gens-là sont complètement abrutis par le capitalisme à mon sens, ils ne pensent plus par eux-même, c'est le capitalisme qui pense pour eux, ils n'ont qu'à reprendre les idées prédigérées du capitalisme. Voilà où mène le capitalisme, à l'abrutissement. Sans compter les trop nombreuses constructions sociales qui nous constituent, une personne révoltée contre son oppression détruira elle-même sa propre révolte (parce que ce n'est pas "sérieux", pas "en phase avec la réalité", etc.), et si ça n'est pas le cas, l'entourage de la personne et la société capitaliste dans son ensemble s'en chargera. Qui aujourd'hui serait prêt à considérer une révolution comme une solution sérieuse et intéressante aux problèmes posés par le capitalisme? Qui oserais tenter une révolution et perdre son niveau de vie confortable de capitaliste?

Donc le sentiment de révolte est non seulement disparate, mais également fragile face à l'influence omniprésente du capitalisme. Deux raisons qui font que réunir assez de personnes au début (les autres suivront une fois qu'une certaine masse révolutionnaire sera constituée) pour former une révolution est plus que délicat. Sans compter que beaucoup de ces révolutionnaires potentiels sont encore des adolescents, fragiles et influençables, partagés entre influence parentale et désirs nouveaux de liberté. La jeunesse dans le cadre d'une révolution est un atout nécessaire, elle est d'une puissance phénoménale, mais également imprévisible, désorganisée et rattachée à ses privilèges de niveau de vie.

Résumons déjà au point ou nous en sommes: on veut faire la révolution parce que " les raisons ne manquent pas". Le 30 avril. Pourquoi le 30 avril? Tout simplement parce que "Plutôt que d'attendre que le conditions soient favorables, et vous avez remarqué, elles ne le sont jamais." L'idée n'est pas bête. Fixer une date juste pour fixer une date, pour ne plus "attendre le grand soir" (qui ne viendra jamais tout seul). Qui as-t-on pour former cette révolution? Un "comité du 30 avril" à l'organisation et au nombre inconnus. Une jeunesse minoritaire (dans un premier temps tout du moins) qui suivra ou même prendra part à l'initiative révolutionnaire, mais de manière imprévisible, peut-être violente. Des anarchistes probablement, bien que beaucoup ne prennent pas au sérieux cette idée de révolution du 30 avril. Des groupes préparés plus ou moins anonymes et situés on ne sait où sur le territoire qui se préparent eux à des actions violentes. Des collectifs et organisations disparates qui étendent le mouvement jusqu'en belgique et en suisse. Est-ce que ça fait une révolution ça? Je ne pense pas non. Une esquisse de révolution à la limite. Le problème de la révolution c'est que c'est pas très bien organisé. On se donne rendez-vous où? A quelle heure? On fait quoi? Et on met quoi à la place du gouvernement actuel? Peut-on réellement espérer (ou redouter) une révolution pour le 30 avril 2005? Oui et non.

Les mouvements de contestations prennent de l'ampleur ces derniers temps, la semaine dernière 100.000 lycéens sont descendus dans la rue contre le projet de loi Fillon sur l'éducation. Hier, 57.000 encore alors que seulement l'académie d'Île de France et de Bordeaux ne sont pas en vacances. C'est une mobilisation importante. Et elle va s'amplifier dans les semaines qui viennent, la date du référendum sur la constitution européenne se rapprochant à grand pas et l'unanimité des partis politiques, de droite ou de gauche, en faveur de cette constitution agace fortement. Le PS voulait une "Europe sociale", et aujourd'hui voilà qu'il défends une constitution libérale (et donc tout sauf sociale). La contestation autour des poursuites contre les internautes "pirates" augmentent de plus en plus, des projets de lois délicats, libéraux et visant à privatiser divers services publics vont refaire leur apparition.

Résumons une nouvelle fois: un mouvement lycéen en effevescence (mais qui ne durera sûrement pas jusqu'en avril, faut bien réviser le bac, faut être sérieux), des mouvements contestataires à venir, et différents groupuscules désirant former une révolution. Alors là on l'a notre révolution? Oui et non. Je ne peux pas jouer aux prédicateurs, mais si un mouvement populaire et suffisament nombreux de contestation existe avant ce fameux 30 avril, alors il est fort possible qu'il y ait du grabuge. Dans le pire des cas ou la révolution serait juste faite par les fameux comités du 30 avril, on aura droit à quelques bastons avec les CRS en deuxième page du journal...

En tout cas, même si je ne prenais pas réellement au sérieux ce mouvement au départ, j'ai révisé mon jugement, il y a réellement des gens prêts à faire une révolution le 30 avril. Ce n'est pas une blague. Et ils la feront, avec ou sans l'appui populaire, mais sans l'appui populaire ils n'iront probablement pas tellement loin... Le 30 avril 2005 entrera-t-il dans l'histoire? L'avenir nous le dira...

Mise à jour: Selon Libération, le projet de loi fillon pourrait être adopté par le parlement au mois d'avril, en même temps Chirac pourrait avancer le référendum sur la constitution Européenne au 25 mai, dixit Associated Press. Ceci met en valeur l'importance des dates. Pour faire une révolution il faut un sentiment populaire de révolte assez grand pour qu'une partie du peuple suive cette révolution, hors l'accumulation d'évenements politiques "sensibles" sur la période précédant le 30 avril est important pour faire monter ce sentiment de révolte. De même que les échéances suivant le 30 avril sont également importantes. La révolution, si elle a lieu, ne se fera pas que le 30 avril, on n'ira pas faire la révolution le 30 et se reposer le dimanche 1er mai... Le 30 avril pourrait en fait être plutôt un "déclencheur" d'une série d'actions sur le mois de mai. Une hypothèse envisageable également est d'avoir des confrontations régulières et violentes au cours du mois de mai. Au fur et à mesure de mes recherches, je découvre de plus en plus de "comités du 30 avril", certains utilisant le net pour communiquer et aussi d'autres beaucoup plus discrets, certains semblant réellement bien préparés à des confrontations violentes. Ca en deviendrait presque effrayant... Et pendant ce temps-là, un ministre dilapide 14.000 euros par mois pour vivre dans un modeste duplex de 600m²...

Notes

[1] Le 22 mars 1968, à la cité universitaire de Nanterre (région parisienne), émergence du mouvement contestataire étudiant qui, mené par Daniel COHN-BENDIT (se réclamant de l'anarchie) sera le ferment révolutionnaire du mai 68 français. Il prendra le nom du "Mouvement du 22 mars".

Black Dance

Hier soir je me suis endormi en écoutant Black Dance de Klaus Schulz. Ca fait plaisir de redécouvrir le son chaud du vinyl, ce son si imparfait, si familier. S'endormir à la lumière des VU-mètres de l'ampli Hi-Fi en écoutant les crachotements du vieux disque... Super :)

Luz démissione des Inrockuptibles

Signe de la guerre actuelle entre les majors et les internautes: Luz, dessinateur aux Inrockuptibles, Charlie Hebdo et Magic, démissionne de ses fonctions aux Inrockuptibles après la censure d'un de ses dessins. Ledit dessin critique Pascal Nègre, grand manitou d'Universal Music, laquelle major est une des principales sources de financement du magazine... Beau geste de ce dessinateur, prouvant une intégrité journalistique rare.

Blog, suicide et responsabilités

Je suis tombé sur ce billet très intéressant: J'arrive (Zazie - 2004) qui parle du suicide de deux adolescentes (voir sur Le Figaro et sur TF1 et d'autres articles sur Google News), dont elles avaient annoncé leurs intentions sur leurs blogs.

Ca fait maintenant deux ans et demi que je gère un site de journaux intimes en ligne (ce qui n'a pas grand chose à voir avec un blog au passage[1]) ou une centaine de personnes écrivent quotidiennement leurs états d'âme. Combien ont annoncé comme ces deux ados leur envie d'en finir? Leur constat d'être vide? Que la vie n'a plus de saveur? de valeur? Des centaines probablement! Pourtant je ne me suis jamais précipité dans le commissariat le plus proche pour hurler "Au secours y'a un(e)tel(le) qui va se suicider elle l'as dit dans son journal sur le net!" Et je ne l'ai jamais fait parce que je sais pertinemment que 99% de ces déclarations ne sont pas de réelles envies de mort, mais des appels à l'aide contre la solitude, l'abandon, et autres divers drames personnels.

Pour avoir été adolescent il n'y a pas encore si longtemps (j'en suis pas encore vraiment sorti) je sais ce que ça veux dire que faire ce genre de déclaration, c'est appeler à l'aide. J'ai dit peut-être une douzaine de fois que je voulais mourir, en finir, que la vie n'avait plus de saveur, que telle personne m'avait quitté donc je voulais en finir, etc. Pourtant je ne l'ai jamais fait, et je n'en aurais jamais été capable. J'ai voulu à un moment, mais je me suis rapidement aperçu que ça ne servait à rien, que c'était totalement stupide et que surtout j'avais envie de vivre. La vie c'est pas un jeu. Quand tu meurs tu va nulle part. Y'a pas de paradis. Y'a rien. Que le néant. Ça apporte rien.

Ça ne veux pas dire que je reste insensible à tous ces appels à l'aide, je les lis, et j'essaye d'aider la personne, de la réconforter dans la mesure du possible. Mais si j'oublie quelqu'un(e), que cette personne fait le grand pas, je ne me sentirais pas responsable, que vouliez-vous que je fasse? Je ne peux rien faire, je ne vais pas hurler pour chaque personne qui dit qui veux mourir, ça ne marche pas. Personne n'est responsable d'un suicide. C'est un choix personnel (stupide, mais personnel). Clémence a d'ailleurs écrit ceci sur son blog: "Personne m'a poussé au suicide."

Les mots de Clémence sont cruels, abrupts, violents. Mais ils sont surtout justes. "Je souffre... Mais je ne devrais pas le dire. Je devrais me taire... Et mourir..." Oui. La souffrance est trop souvent taboue. Trop souvent une honte. Peur d'en parler. On manque tous de paroles, de communication, d'échange, de verbalisation. Tout ça est très important pour notre bien-être: la discussion, l'échange, la verbalisation des ressentis... Pourtant ils font cruellement défaut dans notre monde. C'est en ça que le journal intime sur le net est une exutoire nécessaire: il permet de s'exprimer sans peur, anonymement, librement. C'est un palliatif artificiel à ce qui devrait être de l'ordre d'un quotidien naturel mais qui n'a pas lieu, qui est censuré, muselé, interdit. Il faut qu'on se parle dans notre quotidien, qu'on s'exprime, qu'on prenne le temps de trouver les mots, d'aider les autres à verbaliser, à écouter les ressentis, les souffrances, etc.. Diaboliser le blog est l'exact contraire, c'est se dédouaner de sa lâcheté à ne pas savoir parler avec les autres ni les écouter, et de ne pas vouloir apprendre à parler et écouter.

Ceci dit, juste pour exprimer mon avis, je trouve ça proprement stupide de vouloir mourir parce qu'une histoire amoureuse est terminée. Et c'est en cela que le système hétéronormé qui idéalise le romantisme sous la forme du Prince charmant et de la belle princesse et autres personnages dramatiques tels que Roméo et Juliette, est réellement dangereux. De la même manière que la religion peut être dangereuse en faisant idéaliser le paradis (un monde qu'il est meilleur tout beau, suicidons-nous pour aller au paradis), l'amour hétéronormé est dangereux dans sa caricature du romantisme, provoquant le fanatisme. C'est un sujet très important sur lequel je reviendrais probablement plus tard. En attendant je vous invite à lire le texte Contre l'amour sur Infokiosques.

Notes

[1] Ceci est un blog: j'écrit pour être lu, donc pour les autres. Dans un journal intime, j'écrit pour moi, uniquement, même si c'est sur le net.

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